Le réchauffement de la planète et les restrictions d’eau, conjugués à des pratiques culturales simplifiées et plus écologistes, conduisent tout naturellement le jardinier contemporain à employer les différents paillis (mulch dans la langue de Shakespeare). Ces paillages présentent en effet de nombreux avantages parmi lesquels contrecarrer la croissance ou la germination des mauvaises herbes et maintenir la fraîcheur dans le sol ne sont pas des moindres. Citons également que certains paillis sont nourrissants, qu’en général ils évitent le tassement et le ruissellement de la terre tout en assurant une protection supplémentaire des racines contre le gel.

Quels matériaux employer ?

En fait, vous aurez le choix entre de nombreuses sortes de paillis organiques, synthétiques ou minéraux.

Les plus couramment employés sont des mulchs dont la composition est organique. Ce sont souvent des déchets recyclés comme les broyats végétaux, les écorces de pin compostées, les feuilles mortes et tontes de gazon, les débris (coques) de cacao, la paillette de lin ou de chanvre (appelée chènevotte), la paille, les aiguilles de pin ou les frondes de fougères. Toutefois, localement, vous pourrez également employer efficacement et à peu de frais les débris de coques de noix, les noyaux d’olives, les coquilles de moules préalablement lavées…

Version minérale, tournez-vous vers le sable, les gravillons, les galets et toutes autres matières plus ou moins broyées (ardoise pilée) alors que les matières plastiques s’appliquent en voile tendu sur le sol. Certaines sont plus ou moins rapidement biodégradables. Renseignez-vous à ce sujet lors de l’achat. Ne négligez pas non plus les toiles tissées, en jute ou autres matières textiles, capables du même coup de retenir efficacement la terre des talus pentus ou les berges d’un plan d’eau.

À savoir : en règle générale, compter une épaisseur minimum de 7 cm de paillis tassé pour une efficacité optimum.

Quelles matières dans quels cas ?

Quand et comment faire du mulch ?

  • Contre le froid : une couche très épaisse d’un matériau aéré (car l’air est un bon isolant) formera une couverture très efficace : paille, feuilles mortes, écorces de pin pour les végétaux acidophiles.
  • Contre la chaleur : très bon isolant, la paille est couramment utilisée pour protéger de la déshydratation de nombreuses cultures. Pensez à arroser avant de mettre le paillis et non l’inverse !
  • Pour les sols argileux : tout ce qui est mulch avec du broyat de bois, riche en carbone, convient pour ce type de sols. En favorisant le développement des micro-organismes dans le sol, ils contribuent à l’amélioration de celui-ci. Les paillettes de lin ont également une influence positive sur ces terres par trop compactes.
  • Pour les sols sableux et/ou pauvres en potassium : pailles et foin (attention à leur provenance) offrent du potassium et enrichiront ces sols légers de matières organiques.
  • Pour les sols pauvres en azote : réalisez un mulch avec des fèves de cacao qui sont riches de cet élément.
  • Pour les plantes méditerranéennes ou qui ont besoin de chaleur : le mulch minéral est le plus adapté car il emmagasine la chaleur du soleil. Il limite également la corvée de désherbage ! Pouzzolane, ardoise (pour les plantes acidophiles), billes d’argile, galets, gravier….
  • Pour le potager : le mulch de paillettes de lin et de chanvre y est très à sa place. Elles favorisent le réchauffement du sol, ce dont vos tomates, courgettes et autres aubergines ne se plaindront pas. Quant aux légumes-racines, ils apprécieront qu’elles leur permettent de conserver un peu de chaleur lorsque les premiers frimas arriveront. Les déchets de tonte, riches en azote, sont très utiles après la plantation, ils sont renouvelés régulièrement, en couche épaisse autour des légumes qui restent longtemps en place, en fine couche autour des légumes à croissance rapide. Durant l’hiver, les feuilles mortes se décomposent sur les planches nues, pour nourrir généreusement le sol.
  • Pour les massifs de fleurs : les cosses de sarrasin sont tout à la fois efficaces pour lutter contre la pousse des herbes indésirables, et pour habiller joliment les pieds de vos fleurs annuelles ou vivaces.
  • Pour les arbustes, fruitiers ou d’ornement : les broyats de bois, les feuilles sèches, sont étalés à leur pied. Leur décomposition lente apportera les éléments nutritifs qui leur sont indispensables. Vous choisirez les écorces de pin pour les rosiers, les fraisiers et autres petits fruitiers.

Alternez les paillages au pied de vos cultures et sur les planches potagères, les bénéfices seront ainsi diversifiés.

Le mulch avec du compost ou des déchets ménagers

Le compost est également considéré et utilisé comme un paillage. Il peut être étalé autour des cultures pour les nourrir progressivement. Une alternative : mettre directement les déchets ménagers sur le sol par exemple auprès des plantes potagères mais aussi au niveau des massifs, recouverts, pour des raisons notamment esthétiques, d’un peu de paille ou autre paillage. Pour vous aider, lisez notre article sur que mettre dans le compost.

La quantité de déchets ménagers qui partent au compost seraient d’ailleurs tout aussi bien, voire mieux, épandus à la surface du sol. Les macro et micro-organismes y ont en effet accès et décomposent cette matière rapidement, même si elle est très légèrement enfouie, le principal étant qu’il y ait de l’air puisque ces micro-organismes sont aérobies, ils ont besoin d’oxygène pour vivre et être actifs.

Mais pourquoi donc le compostage comme paillage en surface des déchets ménagers est-il préférable au compostage en tas ? Tout simplement car lors de la dégradation des matières organiques dans le tas de compost, une grande partie du carbone présent initialement dans les matières va être émané vers l’atmosphère, sous la forme de gaz carbonique ou encore de méthane. Ce qui est, à l’heure actuelle, hautement contre-productif. Lorsque la matière organique est répandue sur le sol et s’y décompose, c’est dans le sol que part ce carbone, qui va y être piégé (pas de méthane ici, il n’est présent qu’en cas de mauvaise dégradation, lorsque il n’y a pas d’air et que ce sont les organismes anaérobies qui s’en occupent).

De plus, lorsqu’un compost est déposé au sol, il ne reste rien à manger et à transformer aux organismes tels que champignons, vers de terre et autres collemboles, le compost étant une matière déjà digérée par le processus de fermentation.

Mais pourquoi donc faut-il pailler ?

Les bénéfices pour le sol et les plantes cultivées

Le paillage protège le sol et les racines des plantes des agressions du climat, des pluies qui le tassent et le rendent imperméable à l’eau comme à l’air. Il le stabilise, limitant l’érosion, et protège également toute la vie qui se trouve à la surface du sol et dans ses premiers centimètres. Il en maintient l’humidité.

Les attraits esthétiques

Le paillis peut aussi se faire décoratif avec l’emploi de broyats de pin teintés, de jolis galets ou de gravillon coloré, de brique ou d’ardoise pilée. Vous trouverez parfois du verre broyé et poli appelé cassin aux jolis reflets pour agrémenter un petit patio par exemple ou la surface d’un grand bac, sur une terrasse. En revanche, sachez que la paillette de lin, d’aspect grisâtre, ne met pas bien en valeur les végétaux d’un massif, du moins lorsque ce dernier est fraîchement planté. En revanche, c’est un excellent conditionneur de terre argileuse.

Les paillis organiques se décomposant à la longue, il est important de les renouveler régulièrement. Incorporez-les au sol avant d’en apporter une nouvelle couche d’entretien.

Quelques effets indésirables

Lors du choix du type de paillis à employer, il convient de prendre conscience de certaines limitations. Et premièrement celle des périodes durant lesquelles il convient de pailler, ou non. Il faut être conscient que le paillage s’utilise pour éviter au sol de se refroidir, pour éviter au sol de trop s’échauffer et à l’eau des arrosages ou des précipitations de s’évaporer. Donc l’été, l’automne et l’hiver sont des saisons de paillage, celui-ci étant mis en place avant les fortes chaleurs et avant les premières gelées. Il en est autrement du printemps. À cette saison, un sol paillé se réchauffera plus lentement, et ce d’autant plus s’il s’agit d’une terre lourde et compacte, qui ne suit que de manière lente les changements de température. Ces terres retiennent également très bien l’humidité, il leur faudra également le temps de s’assécher avant d’être paillées.

Et ensuite, tout simplement, tous les paillis ne conviennent pas à toutes les occasions.

L’acidité des écorces de pin, idéales pour couvrir des massifs de plantes dites « de terre de bruyère », est préjudiciable à de nombreuses plantes et en particulier aux rosiers. Elles doivent toujours avoir été préalablement compostées plusieurs mois durant. La décomposition naturelle de ce substrat appauvrit également le sol en lui ponctionnant inutilement de l’azote.

La sciure de bois est déconseillée à cause des tanins qu’elle libère dans de nombreux cas. Ces deux matières ligneuses sont à proscrire en sous-bois lorsque la présence d’armillaire (un champignon très pathogène et à l’origine de la mort de grands arbres et d’arbustes) est patente. En effet, elles contribueraient à sa propagation galopante.

Certains paillis particulièrement légers sont aussi abondamment grattés par les oiseaux en quête de pitance et donc malencontreusement éparpillés sur les pelouses ou les allées gravillonnées. Le vent a également tendance à rapidement les disperser. POur l’en empêcher, il convient d’arroser le paillis après sa mise en place.

Notez également que les paillis grossiers peuvent devenir le repère favori des limaces et escargots. Une lutte préventive est alors conseillée à base de granulés de Ferramol, inoffensifs pour l’homme et les animaux.

Concernant les paillis plastiques et autres toiles que l’on tend sur le sol puis où l’on pratique des encoches pour planter, sachez que les végétaux à caractère drageonnant ne les apprécient guère, car ils s’y sentent vite étranglés.

Quant aux tontes de gazon, il est important de les apporter par petites couches successives, après les avoir fait sécher afin d’éviter toute fermentation intempestive.

Dans le Midi et les rocailles, privilégiez les paillis minéraux qui sont plus adaptés aux plantes de jardin sec. Une matière organique induirait, dans un tel cas, des risques de pourritures du collet, préjudiciables aux plantes xérophiles.

Évitez d’ailleurs dans tous les cas de pailler trop près du collet des plantes (la partie qui se situe entre le système racinaire et les parties aériennes, juste à la surface du sol), vos cultures seraient trop vulnérables face à ce type de maladies.

Le paillage est un formidable outil pour le jardinier, qui lui permet de protéger et de soigner son sol, tout en lui rendant le travail plus facile. Et les matériaux utilisables pour réaliser ce mulch étant très nombreux et variés, il est possible de trouver ceux qui correspondent à la situation, à certaines plantes ou à certains sols, au climat, etc. Donc un seul mot à dire : paillez !